Mort cérébale et conscience

Mort cérébale et conscience

Messagepar Jean-Claude Carton » Mer 24 Août 2011 19:02

Extrait du livre " De la mort apparente à la vie consciente"

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Les EMI font planer un doute sur la survie de la conscience alors que le cerveau n'est plus alimenté par la circulation sanguine. Les sujets en mort encéphalique, condition des prélèvements d'organes, peuvent-ils être dans les mêmes conditions vis-à-vis d'une possible récupération des fonctions cérébrales? Ce n'est pas clair dans l'esprit du public, et cela risque de semer la confusion.
Pouvez-vous nous éclairer sur cette ambiguïté ?

En ces temps où les transplantations d'organes connaissent trop de refus, répondre à ces questions légitimes est absolument nécessaire.
J'ai évoqué précédemment le problème des patients en coma dépassé, potentiels donneurs d'organes, et dit combien il est difficile pour leurs proches d'imaginer que tout espoir de survie est vain, alors même que le corps semble intact et si présent.

Chez les sujets en mort encéphalique, les neurones cérébraux sont bien l'objet d'une mort irréversible. Lorsque l'on fait un examen radiologique de la circulation cérébrale, on constate que plus une goutte de sang ne circule à l'intérieur de crâne. Les cellules ne peuvent survivre à cette ischémie durable du cerveau, lieu de toute vie de relation et des régulations des grandes fonctions du corps. Deux électro-encéphalogrammes à 4 heures d'intervalle, chez un sujet non hypothermique sont absolument «plats», témoins de l'absence d'activité électrique cérébrale pérenne. D'autres test diagnostiques sont appliqués, qui confirment la mort. Les grandes fonctions de l'organisme, telles que la circulation, la respiration, la filtration rénale, etc... sont précaires et ne se maintiendront que quelques heures, et au prix d'une assistance technique et pharmacologique de tous les instants, en service de réanimation. Il s'agit de phénomènes qui de toute façon mènent à la mort totale à court terme, même si le sujet n'est pas l'objet de don d'organes. La survie de telles personnes n'est pas possible.

Lors d'un arrêt circulatoire cérébral bref en normothermie, les choses sont différentes, car les neurones cérébraux ne seront pas l'objet d'une souffrance irréversible. On connaît leur capacité à survivre un certain temps en acidose et hypoxie, de nombreuses études l'ont montré, et la preuve la plus pragmatique et évidente est dans la récupération sans séquelles neurologiques des sujets. Ils sont même capables de relater dans le détail des EMI, qui ont été stockées dans les circuits neuronaux des mémoires à court et long terme. Dans les conditions de l'hypothermie profonde, c'est encore mieux pour les neurones.
A aucun moment ces sujets ne sont morts au regard des critères utilisés en matière de diagnostic de la mort encéphalique.

Bien des expériences inhabituelles de la conscience ont les caractères des EMI, alors que leurs «expériençeurs» étaient très éloignés des conditions de la mort cellulaire. Si l'on prend par exemple l'intervention en hypothermie cérébrale profonde de Pamela REYNOLDS, elle n'était pas en condition de souffrance cérébrale aigüe puisque ses neurones corticaux étaient protégés par la réfrigération. Elle a même pu raconter son intervention chirurgicale, OK! Ce qui est extraordinaire chez-elle n'est pas qu'elle ait fait une EMI, ce qui interroge c'est que son cerveau ait pu mémoriser une perception qui ne pouvait passer par les circuits sensoriels usuels connus.

Il est très important que chacun comprenne que le risque de prélever des organes, donc - pardonnez-moi la violence apparente du terme employé - de «tuer» au sens pur du mot des sujets vivants, ne comporte aucun risque d'erreur, dans notre pays. L'arrêt de la vie corporelle du donneur survient sur un corps totalement déshabité de toute vie mentale.

On ne peut empêcher le débat qui consiste pour certains à dire qu'il ne faut pas prélever d'organes sur sujet «vivant» en mort cérébrale, mais sur sujet venant de mourir, car avant il n'était pas mort. A chacun ses droits à défendre des convictions. Néanmoins, il me semblait important d'aborder le sujet afin de lever toute ambigüité.

J' ai pour opinion que la vie s'arrête lorsque disparaît de façon irréversible toute possibilité de lien de relation interactive avec l'environnement.

Plus clairement, un sujet atteint de «locked-in syndrome» tel que décrit dans le Scaphandre & le Papillon, est vivant. A contrario, un sujet en état végétatif chronique est «mort» au sens humain du terme.
J'exprime simplement ma réflexion et ma conviction, je ne demande à personne d'y adhérer.

Pour ceux qui croient en une vie après la mort, cette vision des choses n' exclut pas la possibilité qu'elle puisse exister, mais pas avec les moyens anthropomorphiques de la conceptualiser dont beaucoup de courants font leur credo.

Nous aurons l'occasion d'y revenir.
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Préoccupes-toi plus de ta conscience que de ta réputation.

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Jean-Claude Carton
 
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