Le mystère de nos origines
Documentaire de John Rubin et John Bredar (2004)
J'ai trouvé ce documentaire particulièrement intéressant, en particulier pour le rôle crucial attribué au jet de pierre comme première arme à distance qui aurait suffi à donner la suprématie à notre espèce. Il est amusant aussi de voir les divergences et convergences avec les hypothèses autour des origines de l'homme.
D'après ce documentaire, une des étapes décisives de l'hominisation, qui se caractérise par le contrôle de son environnement, remonterait à l' homo erectus qui vers 1,7 millions d'années aurait déjà utilisé le feu par endroits au moins mais qui aurait surtout utilisé le jet de cailloux pour se défendre des prédateurs. Cette arme à peu près inédite dans la nature aurait pu suffire à la suprématie de la ligne homo, expliquant le besoin d'une augmentation des capacités cérébrales et dégageant assez de "temps libre" pour commencer à développer une culture. Soulignons que l'efficacité de cette arme de jet suppose d'en faire des stocks (ce sont souvent des galets tenant dans la main et qui ont été ramassés dans une rivière). Cela implique donc une relative sédentarité, une demeure (grotte ou hutte), une organisation. Disposer d'une menace à distance a dû favoriser le souci de son apparence, de l'apparat, le développement de signaux à distance, de signes de reconnaissances, d'un langage enfin. Ceux qui maîtrisaient le feu ont pu aussi cuire la viande, permettant aux muscles masticatoires de réduire de taille ce qui aurait libéré de la place pour le cerveau (et du temps de digestion).
On voit que beaucoup se joue à ce moment reculé de notre évolution puisqu'à partir de là nous étions assez armés pour nous répandre par toute la Terre (dans tous les milieux). On ne peut dire pourtant que tout est joué puisqu'il y aura une assez grande diversité, notamment dans la taille qui va du plus petit (Hobbit, homme de Florès, qui ne fait pas beaucoup plus d'1 mètre) au plus grand (Goliath, plus de 2,20 mètres) dont nous descendrions. Les géants nous ont précédés dans une époque où l'oxygène était plus abondant et où de nombreux animaux avaient tendance à augmenter de taille. L'inconvénient de cette masse musculaire était la difficulté d'en évacuer la chaleur, condamnant Goliath à boire beaucoup et donc à rester près d'un cours d'eau. L' homo sapiens qui descend de ce géant dispose de meilleures performances thermiques qui lui donnent plus d'autonomie mais il y a eu cohabitation de plusieurs espèces jusqu'à la fin de la dernière glaciation (il y a 12 000 ans).
Le dernier moment crucial dans notre évolution correspond bien à la catastrophe écologique d'il y a 60 000 ans (éruption volcanique, libération de méthane, réduction de l'oxygène, hiver volcanique) car, si l'on en croit les généticiens, la population dont nous descendons tous n'était pas supérieure à 2000 individus ! La plupart des autres espèces n'auront pas survécu à cette extinction de masse, on ne sait si on s'en est sorti par notre intelligence, notre solidarité collective ou notre taille réduite (notre moins grande dépendance de l'eau) mais à partir de là, il n'y aura plus de changement majeur dans l'espèce humaine. Ce que le téléfilm tente de nous montrer c'est que les dernières mutations génétiques et les capacités artistiques ne datent pas de cette époque sombre, chaude/froide et asphyxiante mais précèdent de beaucoup l'élimination de tous leurs concurrents, de même que le prochain mutant qui survivra à la prochaine raréfaction de l'oxygène (par libération du méthane stocké dans la mer ou le permafrost) devrait se trouver déjà parmi nous, à moins que ce ne soit un organisme génétiquement modifié artificiellement, ce qui est certes de plus en plus probable...
J'espère ne pas m'être trompé, c'est un compte-rendu fait de tête, à vérifier donc ...
J'ai retrouvé cet article
Origines de l'Homme : nos gènes mènent en Afrique
Source : LE MONDE DU 09.03.2002
La synthèse des études génétiques menées sur nos origines confirme que les
premiers hommes sont partis du continent africain. Mais la chronologie de
ces migrations reste incertaine et demande à être précisée par les
généticiens.
L'homme moderne est-il apparu en Afrique ? Quand, et comment, a-t-il
remplacé les populations archaïques qui peuplaient l'Asie et l'Europe ?
A-t-il connu plusieurs vagues de migration successives ? Dans la recherche
de nos origines, les paléontologues ont reçu depuis peu l'aide des
biologistes moléculaires, qui s'appliquent à lire notre histoire dans les
gènes de nos contemporains.
Mais cette approche est récente, et ses conclusions souvent contradictoires.
Pour la première fois depuis que ces travaux sont en cours, une équipe
américaine vient de reprendre l'ensemble des résultats obtenus et d'en faire
la synthèse. Le scénario le plus probable qui en ressort est que nos
ancêtres sont bien partis du continent africain. Et plutôt deux fois qu'une.
Ainsi que le suggère le biologiste Alan Templeton (Washington University,
Saint-Louis, Missouri), dont les travaux sont publiés dans la revue Nature
(datée du 7 mars), nos aïeux africains auraient connu deux épisodes
migratoires majeurs, l'un il y a environ 600 000 ans, l'autre il y a 100 000
ans. Mais, ajoute-t-il, ces nouveaux arrivants sur le sol asiatique et
européen n'ont pas brutalement remplacé les populations plus anciennes qui y
vivaient alors. Les mélanges génétiques en témoignent : les groupes humains
qui ont successivement peuplé la planète ont au contraire su se mêler les
uns aux autres, engendrant des populations métissées dont nous provenons
tous.
De cette longue histoire, on connaît le début. Il y a 5 millions d'années,
en Afrique - déjà -, les australopithèques se dressent sur leurs pattes de
derrière. Environ 2,5 millions d'années plus tard, leurs descendants donnent
naissance au grand-père direct de l'homme moderne : Homo habilis, l'homme
qui taillait les pierres. Quelques centaines de milliers d'années encore, et
son fils, Homo erectus, quitte l'Afrique pour conquérir le monde. Le dos
droit, et le cerveau nettement plus gros que celui de ses ancêtres.
Il y a 350 000 ans, Homo erectus est présent en Afrique, en Asie et en
Europe. Mais, à partir de là, tout se brouille. A-t-il ensuite évolué
simultanément en différents lieux pour donner naissance, 250 000 ans plus
tard, à l'homme moderne, Homo sapiens sapiens ? Ou bien ce dernier est-il
issu d'un seul peuplement, parti ultérieurement d'Afrique ? C'est là que la
génétique, depuis peu, a son mot à dire.
RESULTATS CONTRADICTOIRES
L'étude par les gènes de nos origines commence véritablement en 1987, avec
les travaux d'une équipe de chercheurs californiens dirigés par Alan Wilson.
Selon eux, notre mère à tous serait une "Eve" noire, apparue en Afrique il y
a environ 200 000 ans, et dont les descendants auraient ensuite
progressivement occupé le reste du monde. Ces conclusions s'appuient sur
l'analyse d'un matériel génétique très particulier : l'ADN des
mitochondries, petits éléments servant à la respiration cellulaire qui
possèdent leur propre patrimoine héréditaire. Mais, très vite, d'autres
pistes se dessinent. Notamment celle... d'"Adam". Un hypothétique ancêtre
datant cette fois de 270 000 ans, et qui serait lui aussi, selon une équipe
américaine de l'université Yale (Connecticut), porteur du patrimoine
héréditaire commun à l'ensemble de l'humanité.
Pour réunir dans le jardin d'Eden ce couple mythique, que les gènes et les
statistiques séparent aujourd'hui de 70 000 ans, les biologistes poursuivent
donc leurs recherches. Mais plus ils avancent moins on y voit clair ! En
1996 tombent ainsi de nouveaux résultats, fondés sur l'analyse d'un fragment
du chromosome 12. Conclusion des auteurs de l'étude : l'origine de notre
population mondiale se situe quelque part en Afrique subsaharienne, d'où
elle aurait essaimé vers le reste du monde... il y a tout au plus 100 000
ans.
Que tirer de ces résultats contradictoires, obtenus à l'issue de longs
travaux menés par des équipes reconnues ? Au moins une constante, qui incite
à ne pas relâcher l'effort : qu'ils proviennent de l'ADN mitochondrial ou
chromosomique, les gènes humains mènent tous au continent africain. Mais la
méthode a ses limites. Les déductions auxquelles elle fait appel reposent
sur un grand nombre de postulats, sur lesquels les chercheurs ne s'accordent
pas toujours. "Lors de telles analyses, les populations doivent être
définies de façon précise pour éviter de reconstruire des a priori
phylogénétiques", précise Véronique Barriel, spécialiste de la phylogénie
des primates au Muséum d'histoire naturelle de Paris.
D'autres critères imposent également la prudence, telles les hypothèses
évolutives utilisées pour calculer la "distance génétique" entre deux
populations. Il faut, enfin, compter avec une inconnue majeure : s'il s'est
produit, comme le pensent nombre de préhistoriens, des métissages fréquents
entre Homo sapiens archaïques et les premiers hommes modernes, tous les
calculs chronologiques bâtis à partir de l'ADN de nos contemporains doivent
alors être reconsidérés.
C'est en partie ce qu'a fait l'équipe d'Alan Templeton, et ce n'est pas le
moindre intérêt de son étude. Plus globalement, son travail a consisté à
appliquer les méthodes de l'analyse statistique aux principaux "arbres"
phylogénétiques établis depuis quinze ans sur notre propre espèce. Au total,
les résultats de onze études génétiques (fondées sur de l'ADN provenant soit
des mitochondries, soit des chromosomes sexuels X ou Y, soit d'autres
chromosomes) ont été traités par ses ordinateurs, avec pour mission de
livrer un scénario cohérent sur l'émergence de l'homme moderne. Les
principales conclusions qui en découlent - deux vagues de migration
successives à partir du continent africain, et un fort métissage avec les
populations antérieures - sont, une fois encore, spéculatives. Mais elles
s'appuient sur une réelle volonté de synthèse, et réunissent pour la
première fois des données jugées jusqu'alors inconciliables.
http://www.astrosurf.com/luxorion/bioas ... -homme.htmhttp://www.astrosurf.com/luxorion/bioas ... homme2.htmContinuons les recherches LEAG; ce sujet me passionne.
Merci d'alimenter
Jean-Claude