Françoise Bonardel le 8 avril 2014

Françoise Bonardel le 8 avril 2014

Messagepar Jean-Claude Carton » Sam 05 Avr 2014 07:20

Jean-Claude Carton reçoit Françoise Bonardel le 8 avril 2014 de 17h à 19 h sur la

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Antonin Artaud (1896-1948) doit-il être tenu pour fou ou, au contraire, pour le médecin inspiré de l’âme occidentale dans le sillage d’un Paracelse ? A l’origine de la maladie, du pourrissement où se complaît, selon lui, l’esprit rationnel occidental, sévit la division opérée par le « mental » entre le corps, l’esprit et l’âme. Une trinité dont Artaud va tenter de réactiver l’ énergie vitale à travers une approche de la création qui n’a plus pour vocation la pure « jouissance ». Fortement influencé par René Guénon, Artaud entend revenir à l’instant d’un « ordre » primordial dont l’Histoire n’a cessé de déformer l’enseignement en s’éloignant de plus en plus de son âge d’or. Pour cela, il choisit de s’engager dans une expérience initiatique bien déterminée : le théâtre pris dans son sens le plus primitif, soit sacrificiel. C’est le lieu où briser la loi d’airain du dualisme rationnel qui déchire l’être, où chasser la loi des « formes » ou de la simple « représentation » pour remonter au moment où les « forces » ou Principes rayonnent à travers l’incarnation. Une incarnation tantôt mortifère, tantôt suprêmement libératrice, très proche de la crucifixion du Christ, qui oscille entre les divers états de conscience, jusqu’à atteindre une pure incandescence. C’est la clef de l’ascèse qui conduira Artaud à expérimenter tour à tour l’extase, le dégoût puis la re-génération. L’extrême audace et lucidité de sa démarche critique et créatrice, nourrie des traditions amérindienne, taoïste et chrétienne, achèvera cependant de le plonger dans l’abîme de la folie à l’instar d’un Nietzsche, d’un Van Gogh ou d’un Hölderlin, comme dépassé par la fulgurance de sa vision.Lire Artaud avec l’apport de la culture profonde de la philosophe permet de sentir ce qui a été réellement vécu par cet homme/poète et de saisir combien ce qu’il a vécu dans sa chair est en correspondance avec ce qui est vécu par le Contemporain. Artaud a vécu la trame de notre vie collective en son être même. L’incroyable violence de son travail intérieur, de son insurrection (dans le sens originel du mot), se comprend alors à la lumière de l’appel dont il était investi, celui de produire l’insurrection de l’homme en son entier, une insurrection nécessaire à laquelle sa vie s’est identifiée.
Et cette insurrection ne peut être qu’intérieure.
C’est pourquoi, comme il le criait, Artaud a été le crucifié.
Celui qui occupe, sur la croix, la place de la rose.
Alors on peut continuer à ne pas lire Artaud tout en prétendant le lire. On peut continuer à ignorer l’importance de la pensée et de la pratique opérative alchimique, et prétendre comprendre le poète. On peut éloigner du bras ce qui gêne au nom de la « folie » et saisir uniquement ce qui permet de construire ses petites idéologies contemporaines.
On peut aussi lire Artaud à la lumière de la lecture de Françoise Bonardel, et respecter enfin ce que fut Antonin Artaud – homme/Poème.
Poète et homme insurgé.
On appréhendera alors l’importance métapolitique, au sens de métaphysique politique évidemment, de son œuvre. Et l’on comprendra ce qui pour nous, en ces pages, fait évidence : que le poète n’est autre que le témoin impersonnel du Poème, et que la dés-occultation du Poème par le poète authentique est acte profondément politique.
Le réel est en marche, Antonin Artaud nous l’a annoncé.

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Françoise Bonardel est professeur émérite de philosophie des religions à Paris I la Sorbonne et fait partie du conseil d’administration de « L’institut d’études bouddhiques ». Cette élève de Gilbert Durand a sillonné le monde à la recherche de l’héritage des grandes pensées spirituelles, mais aussi de courants ésotériques plus méconnus, pour les relier dans leur dimension universelle et les confronter à des conceptions modernes telles que la psychologie analytique. Son œuvre vise à dépasser le dualisme pour partir en quête d’une troisième voie permettant de triompher de la conflictualité de l’existence. Selon elle, la crise culturelle européenne, face à la fausse alternative du relativisme mondialiste et du repli identitaire, ne pourra se résoudre que par une subtile combinaison des contraires, dont les moyens résident dans l’actualisation des préceptes hermétiques de la tradition occidentale. Derniers ouvrages parus : Artaud ou la fidélité à l’infini (2014, rééd.) ; Tryptique pour Albrecht Dürer : la conversation sacrée (2012) ; Des héritiers sans passé. Essai sur la crise de l’identité culturelle européenne (2010)

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Préoccupes-toi plus de ta conscience que de ta réputation.

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