MARSEILLE (AFP) - Un santon représentant la Vierge Marie enceinte, au ventre bien arrondi, fait cette année son entrée dans les crèches de Noël provençales. La figurine, créée par un santonnier d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) qui l’a déjà vendue à une centaine d’exemplaires, représente la mère de Jésus debout, la main posée sur son ventre rond. Elle est destinée à être remplacée in extremis par un santon de la Vierge en adoration le 24 décembre à minuit.
Cette innovation n’est toutefois pas du goût de tous les amateurs dont plusieurs se plaignaient mercredi devant l’étal de l’artisan, au traditionnel marché aux santons, dans le centre de Marseille. "La Vierge est arrivée sur un âne. Il n’y a pas de raison qu’on la mette dans la crèche enceinte", grognait un passant, se disant "choqué" par cette sainte grossesse.
"Moi, je la trouve très belle comme ça, et je l’ai faite dans une posture respectueuse", a expliqué Dominique Coulomb, le créateur de ce santon baptisé "Marie de l’Avent", dans l’édition de mercredi du quotidien La Provence. Pour éviter toute polémique, l’artisan a pris soin de consulter plusieurs prêtres avant d’en lancer la production.
Interrogé sur cette représentation inhabituelle de la Vierge, l’archevêché de Marseille n’y a vu aucun blasphème : "Pourquoi pas ? Etant donné qu’elle a eu son enfant, bien entendu qu’elle devait avoir le ventre rond. Ca prouve que le Christ était comme nous", dit Soeur Jeanne-Françoise, religieuse et spécialiste en théologie à Notre-Dame-de-Sion à Marseille.
"Ca n’a rien de choquant. Elle a accouché, c’est dans les textes", a assuré à l’AFP Mme Dominique Paquier-Galliard, porte-parole de l’archevêché.
"La Vierge a été enceinte, ça a été représenté de nombreuses fois dans l’iconographie religieuse", a de son côté souligné le curé d’Aubagne, Pierre Gérard.
La Conception virginale (le fait que Jésus Christ ait été conçu et soit né alors que Marie était vierge) est acceptée par tous les chrétiens puisqu'elle est rapportée par les Évangiles ; il n'en est pas de même de la Virginité perpétuelle de Marie (le fait que Marie soit restée vierge toute sa vie) qui est acceptée par les théologies catholique et orthodoxe mais refusée par les théologies protestantes. Cette croyance est ancienne, comme l’atteste le Protévangile de Jacques, un texte non canonique du IIe siècle où il est indiqué que Marie, fille d'Anne et de Joachim, aurait été « consacrée au Seigneur » (c'est-à-dire resterait vierge) par un vœu de sa mère, puis aurait été confiée à Joseph avant la conception de Jésus
Les protestants refusent cette croyance en la virginité perpétuelle de Marie en se fondant sur les passages du Nouveau Testament mentionnant des frères et des sœurs de Jésus. Quatre sont mentionnés en Mt 13, 55 et Mc 6, 3 :
« N'est-ce pas le fils du charpentier ? n'est-ce pas Marie qui est sa mère ? Jacques, Joseph, Simon et Jude, ne sont-ils pas ses frères ? » (Mt 13, 55). « N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? et ses soeurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? Et il était pour eux une occasion de chute. » (Mc 6,3)
Dans l'Évangile de Matthieu, le chapitre 12, mentionne que la mère de Jésus et ses frères se trouvent dehors. Ils désirent voir Jésus qui se trouve à l'intérieur d'une maison. "Quelqu'un lui dit : Voici, ta mère et tes frères sont dehors, et ils cherchent à te parler." (Mat 12:47)
Il s’agirait, selon la tradition orthodoxe, suivant en cela le Protévangile de Jacques, de demi-frères, fils d'un premier mariage de Joseph qui étant veuf aurait épousé Marie en tant que vierge consacrée au Seigneur ou, selon la tradition catholique, de cousins, le mot « frères » étant pris dans ce cas au sens large, « Les langues sémitiques ne possèdent pas de terme pour rendre le mot « cousin » ; dans les sociétés anciennes, où tous vivaient ensemble, les cousins étaient assimilés à des frères. » et les rédacteurs du Nouveau Testament se seraient conformés à la manière de parler orientale. Deux d'entre eux sont, en effet, signalés comme fils d'une « Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses » en Mc 15, 40, identifiée à Marie, femme de Clopas d'après Jn 19, 25, le troisième Jude se dit frère de Jacques et non de Jésus (Ju 1), et le quatrième Simon est clairement désigné comme un cousin germain, fils de Clopas le frère de Joseph, dans l' Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée.
Luther a insisté sur l'humilité de Marie et son accueil de la grâce. Calvin a affirmé qu'elle a besoin du pardon, et refuse de fêter les fêtes mariales. Il reste prudent sur le terme « Mère de Dieu », qui pour lui est d'importance uniquement pour rappeler à la fois l'humanité et la divinité du Christ.
Le protestantisme est resté longtemps muet à propos de Marie. C'est à partir du dogme de l'Immaculée Conception en 1854 puis de celui de l'Assomption en 1950 que se creuse à nouveau l'écart avec le catholicisme. Il dénonce le culte rendu aux saints, et en particulier le culte marial catholique.
Pour la plupart des protestants, Marie était vierge avant la naissance de Jésus, mais a eu d'autres enfants, les frères et sœur de Jésus cités dans les Évangiles en Mc 6, 3.
Le Coran parle des femmes (et Hawa/Eve, Bilkis/reine de Saba, Aïcha, Hagar, etc...)., mais Mariam, la mère de Jésus, est la seule à y être expressément nommée. Il met en avant son élection en dessus de toutes les femmes du monde et lui attribue la pureté virginale, en la défendant notamment contre la calomnie dont s'est rendu coupable la communauté juive. Elle est désignée comme la sœur d'Aaron par ses contemporains, allusion à Myriam, sœur de Aaron et de Moïse. Il semblerait que sa mère, la femme d'Imran, l'aurait nommé « Myriam » en référence à la soeur de Moïse.
Dans la sourate 3, La famille d'Imran, il est très certainement fait mention à elle. Elle est la fille d'Imran, dont la garde est confiée à Zacharie. Le Coran indique que la grossesse de Marie s'est faite de manière miraculeuse, sans intervention d'un géniteur. L'islam mentionne plus d'une fois l'épisode de l'Annonciation.
Pour l'islam, Marie est simplement une sainte, bénie par Dieu et particulièrement pieuse. Les sourates 3.35 à 3.47 relatent la naissance de Marie puis celle de Jésus. Aucun culte ne lui est rendu particulièrement parce que Jésus est perçu en islam comme un prophète et un messager, à la différence du christianisme.
Statue de la Vierge enceinte à la cathédrale d'Évora (Portugal)
D'autres statues
Vierge enceinte bénissante en ivoire Paris 15 chapelle Notre Dame des Anges
Vierge de Cucugnan
Vierge enceinte de l'église de Plomeur
Vierge enceinte de l’abbaye des Allois, La Geneytouse (Haute-Vienne)
Une rare représentation de la vierge Marie enceinte L'Escarène
La vierge enceinte (1865) de Cornillon-Confoux [13250]