L'homme et le chat.

L'homme et le chat.

Messagepar Nemausus » Ven 28 Nov 2008 19:31


L’homme descendait de la montagne en compagnie de deux de ses amis, et, à un détour du sentier abrupte et rocailleux, il le vit, assis sur sa queue, et qui semblait l’attendre.
Laissant ses amis s’éloigner, l’homme s’approcha et dit :
« Est-ce moi que tu attendais, le chat ? »
Et le chat répondit :
« Oui, c’est toi. Parce que je t’ai choisi. »
L’homme se mit à rire :
« Es-tu bien certain que ce n’est pas à moi qu’il revienne de choisir ?
- Je ne crois pas. C’est moi d’abord, et toi ensuite. »
L’homme, tout soudain, devint très grave. Il se pencha et passa une main très douce sur le dos du chat :
« Tu as raison…Je voulais simplement te mettre à l’épreuve…C’était bien à toi de me choisir d’abord. Et dès l’instant que tu m’as choisi, tu es à moi comme je suis à toi. Viens. Nous ferons route ensemble. »
Et le chat lui emboita le pas.
De ce jour, ils ne se quittèrent plus. L’homme était une sorte de vagabon, toujours par route et chemins, errant de bourgades en bourgades, dormant à la belle étoile…On ne l’aimait guère, dans le pays. Il faisait peur à beaucoup. Mais ses rares amis le disaient courageux dans l’adversité, compatissant à la misère des humbles, savant en toutes choses et habile à guérir les maladies du corps et de l’âme.
L’homme s’arrêtait parfois dans les villages que rencontrait sa course erratique et, sous les ombrages frais des places, il s’asseyait pour reposer ses jambes. Les bonnes gens s’assemblaient autour de lui -l’étranger venu de nulle part et n’allant nulle part – et il leur racontait des histoires que l’on ne comprenait pas toujours mais qui chantaient aux oreilles car elles parlaient d’oiseaux, de soleil et de vent, des histoires qui parlaient aussi de justice et de paix…
Les prêtres et les maires se méfiaient de lui et de ses discours, les uns parce qu’il faisait concurrence à leurs prêches, les autres parce qu’il troublait l’ordre public et mettait, disaient-ils, dans la tête des paysans des idées subversives. Dès lors, s’il semblait manifester l’intention de séjourner plus que le tolérable, on lui dépêchait les gendarmes qui lui intimaient l’ordre de circuler. En ces circonstances, il ne protestait jamais. Il empoignait son bâton et il s’éloignait sur la route, son chat sur les talons.
Ses compagnons n’avaient pas meilleure réputation. On les disaient paresseux, fantaisistes, frondeurs et hors des lois. La bande se reformait périodiquement, « pour préparer un mauvais coup », assuraient les édiles municipaux, « pour faire la foire », prétendaient les envieux que leur liberté et leur insouciance agaçaient en ce qu’elles rendaient plus morose encore leur servitude aux travaux des champs, « braconner de concert », affirmaient les gardes-chasse, « pour inventer quelque diablerie », s’inquiétaient les supersticieux en montrant du doit ce chat, noir comme la nuit, qui suivait l’homme et ses amis, où qu’ils aillent et quoi qu’ils fassent.
Et c’est vrai qu’il était troublant ce chat…Quand il vous regardait, son regard vert vous transperçait jusqu’à l’âme comme s’il devinait les pensées les plus secrètes et les desseins les mieux dissimulés. Il ne miaulait jamais ; dans les bourgades traversées, dans les fermes approchées, il n’entrait jamais dans les cuisines pour réclamer à boire et à manger, ainsi que font souvent les autres ; lorsque son maître faisait halte sur un banc, contre un mur de pierre que le soleil avait chauffé, il s’asseyait à ses pieds et regardait les gens passer, les oreilles bien droites et la queue soigneusement enroulée autour des pattes. Dans ses longues périginations, l’homme parfois, le juchait sur son épaule droite pour épargner à ses coussinets les cailloux aigus d’un sentier, lui faire passer une rivière, ou lui parler à l’oreille, tout simplement. Et les commères, sur leur passage, fermaient leur porte et, par l’entrebâillement d’un rideau, elles les regardaient décroître sur la route et s’évanouir dans l’horizon des blés…A proprement parler, l’homme et sa bande ne dérangeaient personne, mais d’aucuns jugeaient qu’ils étaient pour les enfants, un mauvais exemple, à preuve le fait qu’à l’occasion, des têtes fêlées les rejoignaient, à la sortie des bourgs, et les accompagnaient quelques lieues pour discourir en leur compagnie et refaire le monde à leur manière – un monde juste et bon, sans rapport aucun avec celui-ci.
L’homme semblait se soucier fort peu de l’inquiétude qu’il suscitait parmi les gens d’ordre. Lui et son chat continuaient d’arpenter les grands chemins, par neige, canicule ou frimas, menant sans souci apparent l’existence vagabonde qu’ils avaient choisie. Aussi, et parce que l’homme constituait un défi vivant à la morale établie et aux enseignements dispensés, les autorités locales décidèrent d’alerter les autorités supérieures. Une délégation se rendit à la ville et frappa à l’huis des bâtiments officiels.
Le préfet et le président du conseil général tinrent conférence, entourés de leurs plus avisés collaborateurs. Le préfet venait de la capitale et l’émoi de ces provinciaux lui semblait un peu excessif. Après tout, le chemineau ne menaçait pas les institutions de la République et s’il est bien vrai que son comportement et ses discours aux simples d’esprit pouvaient choquer certaines oreilles, faire vaciller quelques convictions religieuses, déranger quelques instituteurs et quelques vicaires, cela ne dépassait pas les limités légales du droit de dire ce qui vous passe par la tête ou de marcher où bon vous semble.

Le président du conseil général ne partageait pas cette analyse rassurante. Il se disait, lui, convaincu que l’homme visait en réalité un mandat électoral, avec un programme révolutionnaire parfaitement capable de rameuter les sans-travail, les sans-abri et les sans-culottes que de mauvaises récoltes successives et une pression fiscale excessive avaient, depuis peu, multipliés dans le pays.
Dans leur majorité, les édiles locaux et les fonctionnaires abondaient dans ce sens.
S’il n’avait eu dessein de briguer les suffrages des électeurs, comment expliquer ce besoin qu’avait l’homme et ses partisans de discourir en tous lieux et à tout propos, et de reparaître périodiquement dans les localités déjà visitées comme s’ils tenaient à y vérifier les progrès d’une propagande insidieuse et nocive ? Après tout, des vagabons, il en a toujours existé et tous, jusqu’ici, se sont bornés à quémander, de ferme en ferme, un quignon de pain et un pichet de vin, sans faire de prosélytisme ni s’encombrer de compagnons d’infortune…
Le président du conseil général obtint gain de cause et, un matin à l’aube, les gendarmes arrêtèrent l’homme cependant qu’il dormait dans un sous-bois avoisinant. Nul ne prit garde au chat qui, à bonne distance, suivit la trouve jusqu’à la ville.
Comme on pouvait s’y attendre, l’homme nia toute intention subversive, proclama son respect des lois civiles et protesta de son innocence. Mais personne ne le crut.
Enfermé dans la prison du chef-lieu, l’homme observait, par un soupirail à hauteur du sol, le va-et-vient des passants et des véhicules lorsqu’il vit soudain, tout près de lui, le regard triste et malheureux de son chat.
« Ah tu es venu, toi ! …Tu ne m’as pas abandonné !...C’est bien…Mais comment m’as-tu retrouvé ?
-Je savais que tu serais là. Tu sais bien que je ne te quitterai jamais.
-Aie confiance. Je sortirai d’ici et, là où je vais, tu viendras aussi. »
Le lendemain, l’homme passa en jugement et fut condamné. Cela se passait en des temps anciens qui ne connaissaient ni la mesure, ni la pitié. Ce pourquoi on le conduisit jusqu’en un lieu appelé Golgotha où, à la vue de tous, il fut cloué sur une croix.
Cependant qu’il expirait, le chat, au pied de l’instrument du supplice, la tête dressée, ne perdait pas de vue les dernières lueurs de son regard. Puis quand l’homme qui s’appelait Jésus poussa un grand cri et remit son âme entre les mains du Père, le chat s’en fut, tout seul, loin des curieux et des soldats, sur la route de Galilée et, à douze stades environ de Jérusalem, il s’assit devant un roc où un humble disciple de Jésus avait fait jadis creuser la tombe qu’il se réservait pour lui-même.
C’est là que vint Joseph d’Arimathie pour y déposer pieusement le corps de Jésus, enveloppé dans un linceul blanc. Il ne vit pas le chat qui s’était dissimulé dans les rochers.
Dans la nuit du sabbat, le premier jour de la semaine commençant à luire, Marie-Madeleine et Maie mère de Jacques, vinrent voir le sépulcre. Elles furent saisies d’effroi quand un ange du Seigneur descendit du ciel, renversa la pierre du sépulcre et leur dit :
« Voyez, Jésus n’est pas ici car il est ressuscité. Hâtez-vous de le dire à ses disciples. Voici qu’il vous précède en Galilée… »
Elles ne virent pas non plus le chat car il avait disparut…
Ce même jour, deux disciples de Jésus se rendaient à un village nommé Emmaüs. Et ils s’entretenaient de ce qui était arrivé. Et pendant qu’ils discouraient et échangeaient leurs pensées, un chat noir les dépassa et se mit à marcher devant eux. Et, bientôt, Jésus lui-même s’approcha et, tout en cheminant à leurs côtés, il leur dit :
« De quoi parliez vous donc que vous soyez si tristes ? »
L’un d’eux nommé Cléophas, lui répondit :
« Êtes-vous donc le seul à Jérusalem qui ne sachiez pas ce qui c’est passé ?... » Et ils le lui dirent.
Jésus et le chat les accompagnèrent jusqu’à Emmaüs et les deux disciples pressèrent Jésus d’entrer dans leur demeure. Et pendant qu’il était à table avec eux, Jésus prit du pain, le bénit et, l’ayant rompu, il le leur présenta. Et leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent. Mais lui disparut devant leurs yeux…
Alors Jésus reprit la route de Jérusalem pour rejoindre les onzes disciples (Thomas était absent) réunis au cénacle. Tout en marchant, il tourna la tête vers le chat qui trottinait à ses côtés, lui sourit tendrement et lui dit :
« Tes yeux étaient ouverts bien avant que ne s’ouvrent les leurs…Toi tu n’as pas eus besoin de miracles, ni de ma résurrection, ni du pain rompu pour m’aimer et me suivre. Parce que tu m’as choisi, je t’ai choisi aussi. Je te bénis à jamais toi et tous les tiens… »
Et c’est pourquoi les chats – le saviez-vous ? – ont ce regard qui vient de l’infini…

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Re: L'homme et le chat.

Messagepar Phantom » Ven 28 Nov 2008 21:11

Belle histoire et synchronicité..

je viens d'avoir une duscussion avec ma copine sur le fait que notre chat, Galilée, avait très souent un regard étrange.

Il regarde dans le vide, on a beau lui passer la main devant les yeux il ne voit pas, et soudain il "revient", fait une tête d'étonné et nous fait un calinou. ïa, la chatte, le fait aussi mais moins prononcé.

Soit il est en contact avec "autre chose", soit il fait des décorporations, soit il est juste taré !!!! LOL

Etranges animaux que sont les chats.

J'ai connu des chiens, des oiseaux, des poissons..mais les chats c'est quand même autre chose.

Et "chose" est le bon mot je crois...
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Re: L'homme et le chat.

Messagepar Nemausus » Ven 28 Nov 2008 21:41


Je suis persuadé que les chats ont des contacts avec d'autres mondes.....
Pourquoi crois tu qu'ils dorment 20h par jours s'ils ne voyagent pas ailleurs ??? :lol: :mrgreen: :lol:

Plus sérieusement j'ai eus ils y a plus de 20ans une chatte qui je suis sûre à vue quelque chose d'invisible à mes yeux. Un esprit je pense...
J'avais une pièce où dans un coin, je mettais souvent des bougies et faisais bruler de l'encens près d'une photographie. Un jour la chatte est rentrée dans la pièce et d'un coup s'est mise complètement à flipper !!! Elle s'est sauvé terrorisée et chaque fois que je voulais la rattraper elle refusait. Cela l'a marqué suffisamment pour qu'elle refuse d'entrer dans la pièce pendant plusieurs jours. Et l'endroit qui la terrorisait les plus dans la pièce c'était au niveau de la photo...:shock:

Par contre mon deuxième chat lui ne remarquait rien....(bon c'était un mâle peut être pour ça ;)) :mrgreen:
:mrgreen: :mrgreen:
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Re: L'homme et le chat.

Messagepar Jean-Claude Carton » Sam 29 Nov 2008 08:29

Philippe Ragueneau !

5h passées avec cet Homme exceptionnel;
Philippe RAGUENEAU : "L'autre côté de la Vie" - Dialogues avec l'invisible 7 mars 2003

Extrait écrit de cette émission

L'autre côté de la vie…
Dialogue avec Catherine Anglade, son épouse décédée

« Je m'installai sur la terrasse qu'une brise légère s'évertuait en vain de rafraîchir. Gros-Mimi lui, dormait dans le bureau dont j'avais fermé tous les volets. Je m'avisai alors que je n'avais pas aperçu Petit-Lulu depuis mon retour. Or, par les grosses chaleurs, lui aussi se met au frais… Je le cherchai dans toute la maison. Puis, dans les taillis et les sous-bois où parfois il s'abrite… Il n'était nulle part.
Je confiai mon inquiétude à Catherine.
« Prends la voiture, me dit-elle.
- Pour quoi faire ? S'il dort dans un fourré, ce qui est probable, je ne le verrai pas de la route.
- Prends la voiture.
- Voyons, il ne va jamais aussi loin !
- Prends la voiture.*
- Bon, puisque tu insistes… »
J'allai quérir ma clé de contact et j'ouvris ma portière. Un miaulement rauque et pitoyable me fit bondir ! Il était là, le pauvre Lulu, tassé entre les sièges, dégoulinant de sueur de la tête aux pattes… De toute évidence, il avait sauté dans le coffre à mon insu et depuis dix heures du matin, il cuisait là, en plein soleil, dans cette voiture transformée en étuve où la température devait avoisiner les 60 °C ! Il a bu d'un trait deux bols d'eau, puis il s'est couché pour se lécher les pattes dont les poils étaient agglutinés.

…Il m'arrive pourtant, d'hésiter à l'appeler, la sachant fort occupée, et à des tâches autrement plus exaltantes que les miennes, j'ai des scrupules à la déranger. Chaque fois elle me rassure :
- « Tu n'es pas le seul à éprouver cette crainte. Nombreux sont les terriens qui s'imaginent qu'en nous appelant, ils nous tirent du paradis par les pieds, nous arrachent à notre bonheur ou retardent notre épanouissement. Rien n'est plus faux. Accompagner votre fin de séjour sur terre, vous réconforter par notre présence dans les instants de détresse et de solitude, vous conseiller et vous aider chaque fois qu'il est nécessaire, cela fait partie aussi de notre rôle et n'empêche nullement notre lente et lumineuse montée vers un total accomplissement.
- En te souhaitant toujours aussi proche, je te prive d'un supplément de bonheur ?
- Non, ne crois pas cela. Le bonheur intense, immense qui nous submerge dès notre arrivée ici, nous est donné une fois pour toutes. On n'est pas plus heureux dans les états spirituels supérieurs, mais simplement plus épanoui. Ce degré supérieur d'épanouissement tient au fait que l'on en sait davantage, que l'on comprend mieux la nature et les desseins de Dieu et que sa présence pèse plus lourd en nous. Sois rassuré : je retarde un tout petit peu ma maturité spirituelle, mais je ne suis pas moins heureuse que je ne le serai plus haut. » Et puis c'est ce que nous avons voulu : continuer à vivre ensemble. Rassure-toi, je suis immensément heureuse, même quand je suis dans ma maison avec toi. Je l'ai aimé cet endroit, et j'y suis toujours bien. Tu veilles d'ailleurs, à le tenir impeccable.
Et puis, pense donc ! C'est moi qui t'accueillerai quand tu viendras me rejoindre…
- Ça, c'est une idée qui me plaît bien !…

« Quand tu m'as dit, à une heure du matin : …tu peux lâcher la rampe… ne lutte plus… Laisse-toi aller, je t'ai écouté. Et soudain, je me suis comme dédoublée… Je ne souffrais plus. J'avais quitté mon corps et je le voyais de très haut, comme quelque chose qui m'était étranger, mais toujours moi, cependant…
- Etais-tu allongée au-dessus de lui ?
- Je ne sais pas… Je ne crois pas… Il me semblait que je n'étais qu'un regard. Je me voyais, je voyais Thérèse qui ne pouvait s'empêcher de pleurer. Je voyais Mimi qui réclamait à manger, pour changer… Je me sentais incroyablement légère, mais aussi affreusement triste pour toi qui connaissais les premières minutes d'une vraie solitude. Et je ne pouvais pas te parler, te consoler, te dire que je resterais près de toi comme je te l'avais promis. Je ne parvenais pas non plus à me détacher tout à fait de mon corps, comme si un fil me retenait à lui -un fil de vie…- Quand je levais les yeux, je ne voyais pas les poutres du salon, mais une blancheur nacrée, un peu laiteuse, comme je n'en ai jamais vu. J'avais aussi perdu la notion du temps…
- Ton coma profond a duré plus de trois jours. Tu n'as pas quitté le salon ?
- Je ne le pouvais pas. Je ne pouvais pas bouger. J'ai vu le matin éclairer doucement les meubles et les objets au-dessous de moi, et toi qui venais voir si cette enveloppe où je n'étais plus, respirait encore… Mais tu avais compris. Tu savais que j'étais ailleurs… Je t'ai entendu faire du café dans la cuisine… Lulu a sauté près de ma forme, mais il est redescendu très vite… Je n'avais pas conscience des heures qui coulaient, sans poids aucun…
- Ton cœur s'est arrêté de battre le 4 juin, dans la nuit.
- Oui. Assise dans un fauteuil tout près de mon lit, la garde de nuit avait fermé les yeux. Mon petit chat noir s'est encore une fois approché, et je lui ai dit : "Maintenant maman s'en va, mon petit chéri…"
- Que s'est-il passé ensuite ?
- L'éclair… La vitesse de l'éclair… je n'ai eu conscience de rien, me semble-t-il. Je me suis retrouvée ici… »

« - Quand je branche la télé pour regarder un programme que je crois intéressant et que je te demande de le regarder avec moi pour qu'on en discute après, je te prive d'un grand moment de ton merveilleux ?…
- Partager ta vie comme nous l'avons voulu toi et moi, c'est partager aussi tes plaisirs et tes petites joies, même s'ils ne sont pas à la dimension des miens. Et puis, songe donc, quand je rentre "chez moi", quel éblouissement renouvelé !… Je me prive peut-être un tout petit peu de mes grands bonheurs, mais je donne aux tiens, en m'y associant, une amplitude qui fait ta vie plus heureuse, plus sereine. Et là, je suis dans mon rôle, un rôle que j'ai souhaité et demandé. Tu comprends cela ?… »

- […] Les hommes pensent, raisonnent et s'expriment avec leurs facultés d'hommes, et ils n'en ont pas d'autres à leur disposition. Ils pressentent les grands mystères de la Création, mais ils n'ont, pour les expliquer ou tenter de le faire, que des mots de terriens issus de cerveaux de terriens. […] Je t'ai dit que je me trouvais dans le « premier cercle de lumière… »
- Un de mes lecteurs parle de « sphères de lumière »
- Pourquoi pas ? De toute façon, sphère ou cercle, ce sont des vocables déformants. Image pour image, je préfère parler de cercle… Mais comment échapper aux problèmes de vocabulaire ? Les mots dont tu te sers ne peuvent en aucun cas, s'appliquer à l'univers qui est devenu le mien. Ils le travestissent, le maquillent ou le trahissent inévitablement… A propos de ces « sphères » ou « cercles » en fait, il ne s'agit pas de lieux, mais d'états spirituels. Nous passons d'un état d'initiation et de compréhension à un autre qui lui est supérieur jusqu'à la lointaine étape finale qui est le face-à-face avec Dieu. De la même manière, convient-il de relativiser les notions d' « enfer » et de « purgatoire ». L'enfer est un état de désespoir lorsque le nouveau venu découvre qu'il sera privé de Dieu. Et le purgatoire est un état de remords et de repentir… L'important est de savoir que nos actes nous suivent…
- L'enfer est-il éternel ?
- De toute façon, c'est Dieu qui décide de tout. D'ailleurs je crois que je t'en dis déjà trop…
- Non, pourquoi ?
- Parce que je ne suis autorisé à te dire que ce qui a été dit avant moi, par d'autres que moi. […] Ici, je participe du ciel et de la terre. C'est une sorte d'intermédiaire. Je peux être près de toi quand tu le souhaites, partager ta vie, vaquer dans l'appartement, caresser mes chats du regard, t'aider à retrouver ce que tu as perdu… […] On peut descendre du second cercle au premier, ou du troisième au second et remonter ensuite. Mais on ne peut monter du premier au second. Jacqueline Barsac qui est « à l'étage au-dessus » (tu vois, je mets mes mots à ta portée) vient de temps en temps me faire une petite visite, puis rentre chez elle. Mais moi, je ne peux pas monter la voir…
[…]
- Une dernière question : Un homme ou une femme peut-il recevoir des messages comme ceux que tu m'adresses, sans le truchement d'un disparu, d'un médiateur ?
- Oui, bien sûr. Les saints en portent témoignage et ils en sont la meilleure preuve. L'Esprit-Saint peut fort bien se manifester chez des êtres choisis pour devenir messagers auprès des autres. De même que la part de divin, que chacun porte en soi, peut inspirer d'étonnantes réflexions. Mais, dans tous les cas, il faut être extrêmement attentif, circonspect et prudent car Satan ne se prive pas de… « communiquer » avec certains et tout spécialement par le canal de ceux qui font commerce de spiritisme (pas tous heureusement !). Or, ses messages à lui peuvent être très ambigus et revêtir toutes les apparences du vrai et du crédible ; ils peuvent aussi mener tout droit des âmes simples vers des sectes à proprement parler diaboliques. Prudence, prudence ! Je ne le dirai jamais assez ! Les authentiques messagers de la foi et de la vérité sont extrêmement rares. D'ailleurs ceux-là parlent peu et n'en font jamais commerce…

Et que dire aussi à tous ceux que leur propre mort terrorise ? Comment les convaincre qu'elle n'est que le passage d'une courte vie terrestre semée d'embûches et de souffrances, à une totale félicité, dans la chaude compagnie de ceux qui les ont précédés ?…
La mort n'est pas une punition mais une délivrance. Elle ne ferme pas la porte de la vie, elle l'ouvre toute grande. Elle n'est pas un anéantissement mais une renaissance.
Lorsqu'elle frappe à la porte, cette mort-délivrance, pourquoi tant de gens réagissent-ils à contresens ? Ils pleurent, alors que l'absent se réjouit. Ils vont fleurir une tombe sous laquelle il n'y a personne. Ils s'emmurent dans un silence désespéré alors que les fanfares du ciel accueillent un bienheureux…


Et puis, plus généralement, ce que j'ai découvert ici, sur moi, sur les autres, sur le monde et sur Dieu surtout, ne tiendrait pas en dix vies terrestres. Je me suis rendu compte que ce que je ne comprenais pas dépassait de très loin mes acquis et mes certitudes. Sur terre, nous sommes la proie du doute, un doute qui s'applique à tout et qui pollue tout. On doute de soi-même, on doute de l'autre et des autres, on doute du bien-fondé de notre existence, et on doute de Dieu, bien sûr, dont on pense parfois qu'Il n'est que le hochet commode et chatoyant de tous les prosélytismes religieux.
Où est le vrai ? Où est le faux ? Où se cache la vérité ? Quand triomphe la fable ?…
Mais ici, tout s'éclaire. Ici, il n'y a plus de questions, seulement des réponses.


Je voudrais crier de toute la force de mes poumons, c'est mon absolue certitude, que le grand passage n'est que joie et apaisement. On quitte notre vie terrestre comme on se dépouille d'un vêtement usé pour endosser une robe de lumière et faire les premiers pas dans un bonheur intense dont nous ne pouvons nous faire une idée. De quoi, alors aurions-nous peur ? Et pourquoi pleurer sur soi-même et sur l'autre ?…



Bien sûr, la voix de Philippe Ragueneau n'est pas "écoutable" dans ce texte; lorsque j'ai un peu de temps, je retranscris ce milliers d'heures d'émissions
Je crois de tout mon coeur que ces émissions auront un jour (peu importe lequel) une autre répercussion qu'en ce moment.
J'aurai rejoint toutes ces âmes qui m'attendent dans une paix profonde.

Jean-Claude


ps: J'avais appelé Philippe le 17 octobre pour prendre de ses nouvelles; il était à Gordes; il m'avait dit :
"Cher Jean-Claude, vous tombez pile; je ré-écoute notre émission en ce moment et vous m'appelez. Je pensais à vous, à la douceur de votre regard, de votre voix et de vos questions. Quand une autre émission ?"
-Début décembre 2003 Philippe ?
- D'accord Jean-Claude, à moins que Catherine me demande de la rejoindre...
- Nous verrons bien Philippe..."

Sa fille m'appelle le 22 octobre pour m'annoncer son décès; surpris par cet appel, je lui demande pourquoi me prévenir ?
" Papa m'a appelé le 17 octobre en fin de journée et m'a dit:
" J'ai promis à Jean-Claude Carton de revenir début décembre 2003; comme je ne sais pas si je serai toujours en vie, voici son numéro personnel; tu le préviens en priorité; l'enregistrement de l'émission est dans le premier tiroir de mon bureau. Lorsque j'aurai disparu physiquement, je demande à ta soeur et à toi d'écouter; surtout n'oublie pas de l'inviter à mon enterrement"
C'est ainsi que je me retrouvais au milieu d'une foule de personnalités dans la grande cour des Invalides à Paris


http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Ragueneau
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/822.html
"Ne change pas ta nature si quelqu'un te fait mal, prend juste des précautions.
Préoccupes-toi plus de ta conscience que de ta réputation.

Image

http://edc.stardist.org/
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Re: L'homme et le chat.

Messagepar moi » Sam 29 Nov 2008 17:21

hello les z'amigos,

Coincidence egalement pour moi. Je viens juste de recevoir des livres de France et parmis eux, il y a "L'autre Cote de la vie" de Philippe Ragueneau. Ca promet donc d'etre delicieux. J'ai moi aussi un gros chat " grasDouble" et il a lui aussi quelques fois un comportement etrange.
Il regarde souvent en haut, derriere moi et sur ma droite comme si il y avait quelque chose. C'est tres souvent qu'il fixe ce point precis. Puis, des fois, il suressaute et repousse sa tete en arriere comme s'il voulait eviter que quelque chose se pose sur son nez. Il semble regarder voler une chose que je ne vois pas. Mais c'est un amour de chat. Une bonne pate. Dans le jardin,quand il est assis, les pies viennent lui picorrer la queue pour le faire fuire et il ne bouge meme pas. Il ne cherche meme pas a attaquer. D'autres fois, il se fait meme engueuler par les ecureuils...comme du poisson pourri.....mais TOUJOURS il reste zen le gros...


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