Voici le début du texte annoncé...
"L’une des loges les plus actives de la Révolution tut celle des Philalèthes qui exerça par la suite une nette influence sur la Charbonnerie. On sait que les « Ventes » carbonari possédaient toutes une « Mère ». Ce qui se sait moins, c’est que les rituels du Carbonarisme empruntaient à la fois aux mythes chrétien et Celte. L’un des mythes fondateurs de la Charbonnerie, et de cela personne ne dit rien, fut la légende de Robin des Bois, dont la compagne fut… Marianne !
Pour comprendre ces télescopages, il nous faut revenir aux sources. La poésie médiévale identifiait la Vierge Marie à la Muse et se voyait confier le chaudron de Cerridwen. Or les bardes des XIIIe et XIVe siècles se réfèrent fréquemment à Marie comme « chaudron » ou source de l’inspiration. Ils y furent conduits par le jeu de mots sur pair (chaudron) et la forme seconde de ce mot, suite à un adoucissement de la première lettre, mair, signifiant également Marie. Marie était donc mair du Christ, réceptacle mystique du Saint-Esprit.
Pour ceux qui seraient tentés de penser que je tisse des liens là où il n’en existe pas, voici ce qu’écrivait Davydd Benfras au XIIIe siècle :
« Christ mab Mair am Pair pur vonhedd.
Christ, Fils de Marie, mon chaudron de pure naissance.”
Au Moyen-âge Marie était également identifiée à Brigitte, la déesse de la poésie, vierge et Muse elle était appelée par le peuple « Marie des Gaëls ». Le culte de Brigitte était fortement implanté en Gaule et en Grande-Bretagne à l’époque des Romains.
La Brigitte médiévale partageait son rôle de Muse avec une autre Marie : Marie l’Égyptienne ou sainte Marie d’Égypte. En son honneur, l’on jurait par « Marrie » ou « Marrie gyp ». Cette déesse n’était qu’une autre version de l’ancienne déesse païenne de la mer… Marian. Il faut savoir, qu’en Anglais, la forme la plus ancienne du nom de la Vierge est Marian et non Mariam qui en est la forme grecque figurant dans les Evangiles.
À ceci il convient d’ajouter que Marian, Miriam, Mariamne, Myrrhine, Myrtea, Myrrha, Maria ou Marina, sont tous des noms désignant la patronne des poètes et des amants. Dans les Ballades, Robin Hood ne jure que par Marianne. Noire de visage, le médiéval Livre des Saints nous en dit qu’elle avait payé son passage pour la Terre Sainte, où elle devait vivre pendant des années en anachorète dans le désert, en s’offrant elle-même comme une prostituée à tout l’équipage du seul bateau en partance pour cette destination ; si bien qu’une fois au ciel elle témoigna d’une indulgence particulière pour les péchés de la chair. Le déguisement familier de Marian était celui de fille de joie, merry maid, écrit parfois mermaid (fille de mer ou sirène). Désert, voyage en bateau, prostituée, Marie d’Égypte, vierge noire, autant de symboles qui chantent agréablement aux oreilles averties de ceux qui s’intéressent aux textes alchimiques.
A suivre... si cela vous intéresse.